Une nouvelle nation européenne met en place une taxe au kilomètre pour les véhicules électriques : pourquoi ce concept pourrait être adopté en France.
Suite à la Suisse, le Royaume-Uni a récemment introduit une nouvelle taxe basée sur le kilomètre pour les véhicules électriques et hybrides. Établie en 2028, cette mesure devrait contribuer à pallier la diminution des taxes perçues sur le carburant. La France pourrait-elle trouver de l'inspiration à ce sujet ?
En France et en Europe, les ventes de voitures électriques connaissent une nette amélioration, cependant ces résultats records demeurent étroitement liés à une fiscalité favorable et à plusieurs subventions.
C'est dans ce cadre que le Royaume-Uni a récemment dévoilé son nouveau budget, mettant en lumière deux initiatives majeures concernant l'électrification de son marché : la continuation des subventions à l'acquisition... et l'instauration d'une taxe basée sur le nombre de kilomètres parcourus.
Des subventions généreuses
En 2024, le Royaume-Uni s'est imposé comme le principal marché européen de la voiture électrique, surpassant l'Allemagne et la France (les positions de tête pourraient changer en 2025), surtout grâce à l'instauration de subventions pour l'achat qui peuvent désormais aller jusqu'à 3 750 livres sterling (environ 4 265 euros).

Le budget récemment établi prévoit de continuer sur cette voie, en allouant 1,3 milliard de livres sterling supplémentaires, et a l'intention de maintenir cette stratégie jusqu'en 2030. Par ailleurs, un montant supplémentaire de 100 millions de livres sterling (approximativement 114 millions d'euros) sera alloué à l'amélioration de l'infrastructure de recharge.
Pour mettre les choses en perspective, le Royaume-Uni s'est également fixé un objectif très ambitieux d'électrification de sa flotte de véhicules, avec l'interdiction de la vente de voitures à moteur thermique d'ici à 2030 ; quant à l'Union européenne, elle a établi cet objectif pour 2035, mais pourrait envisager un revirement.
Une taxe au kilomètre parcouru
Cela peut encourager la vente de voitures électriques, mais cela soulève une autre question : la diminution des revenus provenant des taxes sur l'essence.
Le gouvernement britannique précise : bien que « le passage aux voitures électriques améliorera l’air, générera des emplois très spécialisés et boostera la croissance dans le domaine des énergies vertes », il existe aussi « des défis à relever ».
Et à préciser : « Alors que de plus en plus d'individus optent pour des véhicules électriques [...], l'OBR [organisme public de prévisions économiques, NDLR] anticipe une réduction à peu près de la moitié des revenus issus de la taxe sur les carburants par rapport aux chiffres actuels (approximativement 12 milliards de livres sterling) d'ici les années 2030, en termes réels. » « Les revenus devraient par la suite s'efforcer d'atteindre zéro d'ici 2050. »
C'est pourquoi l'idée de mettre en place le « Electric Vehicle Excise Duty » (eVED), une taxe basée sur le kilométrage, a été envisagée. Cette taxe sera appliquée aux voitures électriques et hybrides rechargeables à partir de mars 2028. Le concept consiste à financer la maintenance des routes, étant donné que « tous les véhicules participent à la circulation et à l'érosion des routes ».
Le processus est toujours en cours de réflexion, mais deux éléments sont confirmés : cette taxe devrait coûter moitié moins cher que celle appliquée aux combustibles pour les véhicules électriques ; les hybrides rechargeables, qui la paient déjà, bénéficieront d'un tarif encore plus bas. But : « Un utilisateur moyen de véhicule électrique déboursera environ 240 £ annuellement (approximativement 273 euros), ce qui équivaut à environ 20 £ mensuellement (environ 23 euros) ».

Le gouvernement envisage également une méthode de calcul du kilométrage, tout en promettant de « préserver la confidentialité des conducteurs » : « il ne sera pas exigé d'indiquer le lieu et l'heure des trajets ni d'équiper les véhicules de dispositifs de suivi », sans davantage de détails.
Ainsi, après la Suisse, le Royaume-Uni devient le deuxième pays européen à s'intéresser à cette question. La France sera-t-elle la suivante ? Bien que rien n'ait été officiellement déclaré à ce sujet, le Gouvernement finira certainement par trouver une solution pour compenser la réduction de la TICPE (Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques) résultant de la popularisation des voitures électriques.