Test de l'iPad Pro M5 : désolé pour les compétiteurs, le roi reste inégalé.
L'iPad Pro est désormais équipé de la puce M5. Mais une interrogation demeure, toujours identique : quel est l'intérêt de toute cette puissance si iPadOS nous empêche constamment de l'exploiter comme un véritable ordinateur ? J'ai consacré trois semaines à me familiariser avec ce monstre pour l'apprendre.
La simple existence de cet iPad Pro M5 témoigne de la puissance manifeste d'Apple. À peine avons-nous eu le temps d'assimiler la force incroyable du modèle M4 que Cupertino nous introduit une nouvelle puce M5, supposée surpasser une concurrence… qui, de toute façon, n'existe plus depuis au moins trois ans. Pourquoi cela ? Parce qu'ils en ont la capacité. Il s'agit de la tablette de l'excès, que vous acquérez non pas par nécessité, mais parce que vous souhaitez posséder le meilleur de ce qu'offre notre planète, tout simplement.
Cependant, malgré la complexité technique qui peut être déroutante, la question fondamentale demeure inchangée, persistante et épuisante : peut-on enfin travailler avec cet appareil ? J'ai passé trois semaines avec la version de 11 pouces, dotée de l'option nano-texturée, du clavier Magic Keyboard et du Pencil Pro. J'ai réalisé du montage vidéo, effectué des retouches photographiques, et essayé de me contenir face au gestionnaire de fichiers.
Design et ergonomie
Dès qu'on le retire de son emballage, la réaction initiale est invariablement identique : une combinaison d'effroi et d'euphorie. 5,1 millimètres. Lorsqu'on tient ce rectangle de verre et d'aluminium qui coûte 2000 euros (options incluses), on ressent une peur tangible de le plier.
Je vous assure, la construction interne semble être plus robuste, cependant, cette délicatesse est presque gênante : sans protection, il est inconfortable à manipuler sur une longue durée car les tranches peuvent être légèrement tranchantes.
Discutons de l'option « verre nano-texturé ». C'est la première fois que j'essaie cela sur un iPad. Si vous travaillez fréquemment à l'extérieur ou sous des éclairages de bureau agressifs, c'est une véritable aubaine. Les reflets s'estompent, « floutés » par la surface du verre. Cependant, on perd un petit peu ce contraste sans fin de l'Oled. Le noir est intense, mais moins « fluide » que sur la version brillante. C'est une option pour le confort visuel plutôt que pour la netteté absolue.
L'îlot photo ? Toujours présent, toujours instable si vous placez l'iPad à plat sur une table. C'est irritant. Sans protection de coque ou sans clavier, il est impossible de l'utiliser pour dessiner à plat. Heureusement, le Magic Keyboard (commercialisé au tarif d'une tablette Android) corrige cette lacune.
En effet, ce clavier offre une frappe exceptionnelle, le trackpad en verre est sublime, mais l'ensemble manque de légèreté. Une fois monté, votre iPad Pro 13″ pèse autant qu'un MacBook Air. Ou ce trouve la portabilité ?
En termes de connectivité, un port Thunderbolt / USB-C est disponible. Uniquement. Sur un appareil « Pro ». C'est la plaisanterie habituelle d'Apple. Souhaitez-vous connecter un écran tout en rechargeant ? Procurez-vous un hub. Souhaitez-vous connecter à la fois un SSD et une carte SD ? Procurez-vous un hub. C'est regrettable à ce tarif. Nous aurions préféré disposer de deux ports USB. En outre, le clavier Magic Keyboard offre un port USB-C additionnel.
Un commentaire sur l'usage quotidien : en version 11 pouces, c'est une tablette de lit. On la maintient d'une main sans risquer de vous blesser si elle vous glisse. En revanche, il ne s'agit pas d'une tablette de bureau, d'une table numérique ou d'un petit ordinateur. On ressent une certaine frustration dès qu'on lance deux applications simultanément. En cette fin de 2025, il est compliqué de visualiser un MacBook doté d'un écran de 11 pouces... Bien que le MacBook Air ait déjà été proposé en version 11 pouces, il a également existé le MacBook Retina de 12 pouces.
L'Apple Pencil Pro se fixe encore de manière magnétique sur le bord supérieur. L'adhésion est forte, la charge sans fil semble magique. Cependant, soyez prudent lorsque vous le rangez dans un sac étroit, car le stylet a cette mauvaise habitude de se déloger et de tomber au fond du sac, recouvert de petites miettes.
Finalement, l'utilisation de Face ID en orientation paysage (avec la caméra positionnée sur le bord long) est désormais la norme. Il n'est plus nécessaire de couvrir la caméra avec son doigt lorsqu'on la tient.
Écran
L'écran Tandem OLED fait son apparition sur le modèle de 11 pouces. En pratique, Apple superpose deux dalles OLED pour obtenir une luminosité incroyable (1000 nits sur écran complet, 1600 nits en pic HDR) tout en préservant l'intégrité des pixels. Quelle est la conclusion ? C'est magnifique. Les noirs sont d'une profondeur abyssale, le contraste est sans limites. Visionner une série telle que Silo ou Foundation dans le train offre une expérience visuelle supérieure à celle de ma télévision domestique.
Cependant, la véritable innovation pour moi est l'option en verre nano-texturé. C'est la première occasion que j'ai de l'essayer sur un iPad. L'engagement ? « Émettre une lumière diffuse pour minimiser les réflexions ». La réalité ? C'est de la magie noire. J'ai utilisé l'iPad sur la terrasse, avec le soleil de midi frappant directement dessus. Sur un écran classique brillant, je n'aurais vu que mon reflet en fronçant les sourcils. Ici, l'image demeure perceptible, non brillante, lisse.
Le sentiment tactile est également différent. C'est plus « papier » que « verre ». Le Pencil Pro glisse dessus avec une friction subtile qui ravira les artistes. On ne ressent plus autant cette impression de glisser sur de la glace. En outre, les empreintes digitales laissent beaucoup moins de traces. Pour ceux qui travaillent intensément, c'est un confort tacto-visuel incontestable.
Toutefois, il faut noter qu'il y a un « mais ». La nano-texture génère une texture très subtile sur l'image. Nous perdons cette qualité « incisive » et chirurgicale de l'écran brillant. Sous la lumière directe, les noirs semblent légèrement moins profonds (plutôt gris très très sombre). Si vous réalisez des retouches photo d'une précision pixel par pixel dans l'obscurité totale, la version brillante est toujours techniquement supérieure.
Pour une utilisation à la fois nomade et mixte, le nano-texturé est un véritable cadeau. Cependant, Apple nous impose cette condition : cette alternative n'est accessible que sur les versions de 1 To et 2 To. C'est une vente forcée masquée. Souhaitez-vous éviter les reflets ? Ne réglez que pour l'espace de stockage dont vous n'avez pas besoin.
Performances
Sous le capot, on trouve la puce M5. En théorie, c'est monstrueux, il n'y a pas d'autre mot. Apple a réussi à intégrer une capacité de traitement supérieure à 95 % de celle des ordinateurs portables actuels dans une plaque de verre d'une épaisseur inférieure à 5 mm.
Observez cette ligne de GPU Metal. Un accroissement de 35 % en une année, c'est colossal. Avec un score de 74 093, l'iPad Pro M5 écrase la majorité des ordinateurs portables destinés à la création. Dans 3DMark Wild Life Extreme, on dépasse le seuil symbolique de 60 FPS stables (63,6 pour être exact), là où le M4 avait parfois du mal à atteindre les 50. De manière concrète ? Resident Evil Village et Death Stranding fonctionnent de manière extrêmement fluide, même en utilisant les paramètres graphiques au maximum.
En termes de processeur, l'amélioration est plus graduelle (+10 %), cependant, cela suffit pour que Safari soit d'une vitesse fulgurante (observez le score Octane qui grimpe à 135 000 points !). Les pages web ne se chargent pas, elles s'affichent. Pour cette puce, le montage vidéo en 4K sur DaVinci Resolve est un jeu d'enfant : vous pouvez parcourir la timeline avec une aisance comparable à celle du défilement de texte.
Cependant, il faut être prudent, la physique a ses propres limites. Avec une telle puissance dans un format de 4,9 mm, la montée en température est plus rapide par rapport aux modèles antérieurs. Après une vingtaine de minutes de test intensif (Wild Life Extreme), la partie arrière de l'appareil, à proximité du logo Apple, chauffe réellement. Pas brûlant, mais inconfortable à tenir.
Dans la vie de tous les jours, la fluidité est totale. Lancement d'applications, navigation entre elles, ouverture de l'appareil photo... tout se fait en un clin d'œil. Il n'y a pas de friction du tout. C'est plaisant, cependant c'était également le cas avec le M1, le M2 et le M4. La véritable puissance ne se manifeste réellement que dans des tâches hautement spécifiques.
J'ai effectué un essai d'exportation d'une vidéo 4K de 10 minutes sur DaVinci Resolve. Le M5 absorbe cela en quelques secondes de moins que le M4. Oui, c'est mieux. Mais cela a-t-il un impact sur votre vie ? Non. En revanche, si vous passez d'un iPad Pro 2018 ou 2020, le changement sera colossal.
Le M5 excelle particulièrement dans le domaine des jeux. J'ai démarré Zenless Zone Zero et Resident Evil 4 en réglant les graphismes au niveau le plus élevé. Le taux de 120 Hz est conservé, et les effets lumineux sont incroyables. Et à la surprise générale : ça ne chauffe pas. Ou à peine. Le châssis en aluminium assure une excellente dissipation de la chaleur. Après une demi-heure de jeu intensif, le dos est chaud mais jamais au point de brûler. Pour mémoire, il s'agit d'une puce M5 qui n'a pas de refroidissement actif.
Mon modèle d'essai, doté de 12 Go de RAM, empêche les applications de se réinitialiser lorsqu'on les consulte après avoir ouvert trois autres applications gourmandes en ressources. Safari garde mes onglets sans aucun souci. Il s'agit d'un confort de travail palpable.
L'intelligence artificielle ? Sur le papier, le Neural Engine du M5 est impressionnant. C'est impressionnant pour faire bonne impression, mais l'écosystème logiciel actuel n'utilise pas encore pleinement cette puissance au quotidien.
Discutons d'autonomie. Apple garantit 10 heures. En pratique, si l'on exploite au maximum l'écran OLED (ce qui est fréquemment le cas pour en tirer profit), on obtient généralement environ 8 heures de productivité mixte. C'est bien, mais il n'y a pas de progrès. C'est même décevant en comparaison avec un MacBook Air. Selon moi, l'iPad Pro devrait offrir une autonomie de 15 heures.
La véritable innovation, c'est la recharge rapide. Enfin ! Avec un chargeur de 60W (qui, bien sûr, n'est pas inclus, il faut l'acquérir séparément), j'ai rechargé 50 % de la batterie en seulement 28 minutes. C'est assez bon, mais ce n'est pas le meilleur sur le marché.
Logiciel
Il est incontestable qu'iPadOS 26 apporte des améliorations, cependant, il demeure le facteur limitant de cet appareil.
Faisons une comparaison avec un MacBook. Sous macOS, je suis en mesure d'ajuster mes fenêtres avec précision au pixel près, de déposer un fichier sur le bureau, d'installer un plugin peu connu pour mon navigateur et de gérer mes fichiers audio selon mes préférences. Sur iPadOS, tout est « sanitarisé ». Utiliser Stage Manager sur un écran de 11 pouces est une expérience étouffante. Dès qu'il y a plus de deux fenêtres, c'est le désordre. On finit par cacher des choses involontairement.
L'application Fichiers a évolué, mais elle ne rivalise toujours pas avec le Finder. Tenter de transférer 50 Go de séquences vidéo depuis un disque SSD externe reste une entreprise stressante, car on n'est jamais assuré que le transfert ira à son terme sans interruption si l'écran passe en mode veille. Pour une machine « Pro », c'est inadmissible.
Toutefois, il est essentiel de reconnaître les points forts. La réintroduction du Slide Over (cette petite fenêtre flottante que l'on peut dissimuler sur le côté) est un véritable soulagement, surtout sur le modèle de 11 pouces. C'est idéal pour accéder à Spotify ou Slack d'un simple geste sans perturber votre espace de travail principal.
Les applications de « classe bureau » commencent à être crédibles. Final Cut Pro et Logic Pro sur iPad sont des prouesses d'interface tactile. Cependant, elles requièrent un abonnement mensuel et l'interface sur 11 pouces est extrêmement encombrée. On ressent que c'est conçu pour le modèle 13 pouces. Sur le 11, on fronce les sourcils pour appuyer sur les petits boutons.
L'interaction avec la souris et le pavé tactile est impeccable et fluide, cependant le curseur « rond » qui s'adapte aux éléments demeure moins précis qu'une flèche standard pour le texte ou les feuilles de calcul Excel intensives. On s'adapte, mais on ressent toujours un petit décalage cognitif.
L'iPad Pro M5 peut-il faire office de substitut à un Mac ? Non. Et Apple souhaite qu'il ne fasse pas cela. C'est un outil de création incroyablement précis et complémentaire, mais dès que l'on souhaite s'attaquer au véritable multitâche complexe, on se retrouve face aux barrières du jardin fermé d'Apple.
Il est vrai que le système est stable. Cependant, il est inflexible. L'option de personnalisation de l'écran d'accueil a été perfectionnée (nous avons enfin la possibilité de placer les icônes à notre guise, quelle révolution !), néanmoins, cela demeure superficiel. Le système n'offre pas la flexibilité d'un OS de bureau, et avec une puce M5, c'est une perte de potentiel frustrante.
Le verdict logiciel est simple : si votre travail tient dans une seule fenêtre (écrire, dessiner, jouer), c’est le paradis. Si votre travail implique de jongler entre 4 applis, de gérer des fichiers et de connecter des périphériques bizarres, gardez votre Mac.
Le jugement logiciel est clair : si votre tâche se limite à une seule fenêtre (rédaction, dessin, jeu), alors c'est le bonheur. Si votre poste nécessite l'utilisation simultanée de quatre applications, la gestion de fichiers et la connexion à des dispositifs inhabituels, conservez votre Mac.
Connectiques, caméra et audio
En ce qui concerne les options de connectivité, il n'y a vraiment rien à se mettre sous la main. Seulement un port USB-C Thunderbolt 4. C'est rapide (40 Gb/s), c'est puissant, mais c'est exclusif. Vous allez utiliser des dongles. À noter : Le Wi-Fi 7 (grâce à la puce N1) offre des vitesses théoriques impressionnantes, cependant, c'est surtout une stabilité du signal sur de longues distances depuis ma box qui m'a marqué. Le Bluetooth 6.0 est disponible, préparé pour l'avenir.
Et les caméras ? Derrière, c'est net, ça enregistre en 4K ProRes, le LiDAR est excellent pour la réalité augmentée (si vous êtes architecte ou designer d'intérieur). Pour les autres, cela permet de numériser des documents avec une qualité haut de gamme. La caméra frontale, enfin en orientation paysage, transforme les visioconférences. La fonction Center Stage est opérationnelle, bien qu'elle puisse parfois désorienter vos interlocuteurs en zoomant trop rapidement.
L'audio est enchanteur. Je ne comprends pas comment les ingénieurs d'Apple parviennent à produire un son aussi remarquable à partir d'une simple tranche de 5 mm. Avec quatre haut-parleurs, cet appareil offre une bonne puissance sonore, des basses remarquables (dans la mesure du possible) et une spatialisation stéréo impressionnante lorsqu'on le maintient en mode paysage. C'est amplement adéquat pour écouter de la musique ou visionner un film dans une chambre d'hôtel sans haut-parleur externe.
Note finale du test 8/10
L'iPad Pro M5 est un véritable chef-d'œuvre. Le panneau OLED Tandem en cette dimension réduite est un succès complet, l'option avec nano-texture constitue un avantage réel pour les professionnels nomades, et la capacité de performance est sans limites pour les huit années à venir. C'est la tablette parfaite.
Mais c'est également un produit au positionnement de prix audacieux. Il est difficile d'accepter que l'achat d'une tablette (ainsi que ses accessoires) à un prix équivalent à celui d'un MacBook Pro soit nécessaire, surtout compte tenu des limitations imposées par son logiciel. Si votre budget le permet et que vous recherchez l'écran portable ultime pour produire ou consommer du contenu « à une seule tâche », n'hésitez pas, c'est un grand OUI. Pour le remplacement d'un ordinateur professionnel ? C'est toujours un refus, sauf pour un segment d'utilisateurs très spécifique.
+ Points positifs du iPad Pro M5
- L'écran Tandem OLED
- Mobilité absolue : 444 g et 5,3 mm
- Puissance démesurée
- Option Nano-texturé
- Points négatifs du iPad Pro M5
- Prix indécent
- iPadOS toujours limitant
- Clavier et écran étriqués en 11 pouces
- Connectique minimaliste
- Îlot photo bancal