Test du Navee XT5 Pro, une trottinette électrique à l'apparence agressive

Lancée en 2023 sur le marché français, la marque Navee a commencé par proposer des trottinettes électriques destinées au grand public et plutôt conservatrices. De nos jours, de nombreux utilisateurs privilégient les grands modèles, surpuissants et parfois non conformes aux règles urbaines. Segway-Ninebot a embrassé cette catégorie avec les GT, qu'elle a ensuite adapté en ZT3, plus docile et accessible. Navee lui répond avec une XT5 visuellement aiguisée, située à mi-parcours entre les deux lignes de son concurrent.

Il existe trois variantes : la XT5 Ultra dotée d'un double moteur et d'une imposante batterie de 899 Wh ; la Max qui dispose d'un seul moteur. Nous avons opté pour la Navee XT5 Pro de troisième génération, dotée d'un moteur d'une puissance maximale de 2 200 W et d'une batterie plus modeste de 597 Wh.

Avec son design audacieux et ses roues de 12 pouces, cette trottinette électrique est-elle réellement efficace en utilisation ? Et pour ce qui est des performances et de l'autonomie ? Les technologies intégrées sont-elles au même niveau que celles de la concurrence ? Conseil Direct a testé la Navee XT5 Pro pendant plusieurs semaines.

Une Navee XT5 Pro imposante

Sans surprise, la XT5 Pro s'adresse aux passionnés de gros véhicules, avec un look presque tout-terrain, motocross. Dès le départ, les roues de 12 pouces équipées de pneus à profil cranté fixent le style, grâce à leurs amortisseurs à ressorts rouges. Ce n'est pas si brut de décoffrage, car les bras de suspension semblent similaires aux Navee ST5.

Effectivement, la marque chinoise se base sur la petite sœur qu'elle embellit avec des éléments strictement visuels. Le deck est équipé d'un boîtier à textures proéminentes, complété par des roues avec garde-boue surélevés. Même la colonne de direction bénéficie d'un moulage, équipé d'un éclairage qui souligne le logo. Des bandes de lumière sont également présentes sur les côtés, semblable à la Xiaomi Electric Scooter 5 Max.

Si le produit global est satisfaisant et homogène, tous les composants sont en plastique, dont certains ne semblent pas de grande qualité lorsqu'on s'en approche et qu'on manœuvre la trottinette électrique. Cela est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de la lever après avoir été pliée, car le revêtement de la colonne semblait fragile et difficile à prendre en main.

Le poids de la trottinette est de 34,7 kg, soit près de 5 kg au-delà du chiffre annoncé officiellement ! Aussi, il est important de noter que la longueur de 136 cm dépasse largement la moyenne, tout comme la hauteur de 140 cm (60 cm lorsqu'elle est pliée).

La trottinette électrique peut être pliée, grâce à un système de mécanisme et de cinématique standard. Le mécanisme de pliage est entièrement symétrique, doté d'un système de fixation à l'arrière du plateau qui maintient la potence en place lorsque l'on soulève le scooter.

Une trottinette électrique qui brille

Sur la potence, au-dessus du crochet pouvant supporter des sacs allant jusqu'à 5 kg, se trouve un guidon flatteur en termes de matériaux et de finitions. Nous faisons clairement un progrès significatif par rapport à la Navee GT3 Max que nous avions essayée. L'emplacement de la sonnette, tout comme celui du panneau de commande avec ses boutons, est astucieusement choisi. Il est à noter que les poignées sont légèrement insuffisantes en largeur, car les grandes mains, en particulier avec des gants, ont tendance à dissimuler les clignotants.

L'éclairage est parfait. Comme la Niu KQi 300, qui adopte une silhouette de scooter avec un pare-brise minimaliste, un phare avant imposant fournit une lumière à la fois étendue, puissante et uniforme. Il intègre un second éclairage diurne, qui peut être activé ou non selon les préférences.  La forme du feu arrière, qui est identique à celle des autres Navee, peut être un peu décevante. Cependant, il reste assez lumineux et maintient une fonction stop.

Grand compteur

Retourons à la potence, qui héberge le très grand écran central. L'écran n'est pas aussi avancé que les derniers modèles Segway-Ninebot, mais il est très similaire à la Segway ZT3 Pro, donc tout à fait lisible. La rapidité est indiquée en grandes lettres, tout comme les barres de l'indicateur de charge de la batterie. C'est encore légèrement insuffisant en termes d'informations.

La commande est positionnée à l'extrémité du pouce gauche et présente une conception ergonomique. Il est aisé de manipuler les clignotants, d'activer l'éclairage ou de changer les modes. La petite gâchette rouge, semblable à celle de la ZT3, dissimule un mode Boost secret que nous expliquerons ultérieurement.

Une application complète

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Navee XT5, l'application est conçue pour vous fournir ces informations. Elle offre des informations supplémentaires, tout comme la GT3 et les autres modèles de la marque asiatique. Vous trouverez le pourcentage de charge restante, ainsi qu'une estimation de la durée de vie de la batterie en fonction du mode d'utilisation (ce qui peut être trop optimiste, car basé sur des principes théoriques).

Il est possible de sécuriser la trottinette pendant un bref arrêt, et de visualiser le graphique des 10 derniers parcours ainsi que la distance totale parcourue. Un menu offre le guide d'utilisation, ainsi que la mise à jour du logiciel.

L'application offre également l'accès à des paramètres. Il existe trois niveaux de récupération d'énergie lors du ralentissement : les différentes configurations d'éclairages, la programmation de la recharge, ou l'ajout d'un code de sécurité. Donc, pas mal de fonctionnalités. L'application fonctionne sans accroc, cependant, elle ne propose pas de véritable suivi de trajets.

Une trottinette stable, sauf en cas de pluie.

Si vous n'êtes pas familier avec les trottinettes électriques de grande taille, la Navee XT5 pourrait vous surprendre. Le deck offre une surface généreuse qui facilite l'adoption de la position de conduite naturelle, malgré une hauteur des pieds de 26 cm. La potence, non modifiable, reste relativement basse pour notre stature (1m84), et les individus plus grands peuvent toujours se reculer pour s'adapter (de 1m60 à 1m90 selon la marque).

Après son lancement, la machine offre une grande stabilité grâce à ses roues de 12 pouces et ses pneus de 8 cm de large. On peut donc occasionnellement lâcher une main du guidon sans danger de tomber. Cela permet également de maintenir sa trajectoire sur les surfaces altérées.

Le système de double suspension par ressort, offrant un débattement de 60 mm, sert principalement à absorber les chocs sur des obstacles majeurs tels que les sauts de trottoirs, les pavés anciens et les petites racines sur les voies. Cependant, le filtrage des vibrations est légèrement moins performant comparé à la ZT3 et aux précédents modèles de Navee, ce qui est regrettable.

Plus critique, l'adhérence se détériore en cas de pluie. Les pneus retiennent l'eau sur la chaussée, ce qui rend le freinage risqué. Les deux systèmes de freinage mécaniques, en complément du frein arrière électronique, sont efficaces mais légèrement abrupts et irréguliers.

Ils ont la propension à obstruer l'arrière dès le départ, ce qui peut entraîner un dérapage même à une vitesse réduite. D'ailleurs, le réglage des disques de 130 mm et des étriers est inexact, avec des frottements dès les premiers kilomètres, nécessitant une correction presque à chaque course. Il aurait été souhaitable d'opter pour des freins à hydraulique, ou bien un frein mécanique à l'avant avec un tambour à l'arrière pour prévenir de telles situations.

Sur le papier 2200 W, en réel 1000 W

La Navee XT5 Pro présente un pic de puissance de 2 200 W. Cependant, il n'est pas possible d'en bénéficier lors des modes Marche (6 km/h), D (20 km/h) et Sport (25 km/h). On débloque cette puissance en utilisant le mode Boost, qui s'active via le bouton rouge. On reçoit donc un soutien intense, mais seulement pour une durée de 15 secondes. Il doit être réenclenché manuellement lors de l'escalade d'une pente raide.

En mode Sport, on revient à une puissance estimée à 1 000 W. L'expérience est similaire à celle de la GT3 Max, avec des accélérations douces et une diminution notable sur des inclinaisons modérées. En somme, sous l'apparence radicale, le contenu n'est pas nécessairement à la hauteur.

Une autonomie qui peine à dépasser 35 km

Lorsque l'on compare son moteur avec celui de la GT3 Max, il est également nécessaire de prendre en compte la batterie. Parce que Navee utilise le même bloc pour sa XT5 Pro. La batterie a une capacité de 597 Wh, offrant une distance théorique de 75 km par recharge. Cette valeur correspond à une vitesse de roulage de 15 km/h en conditions optimales, alors qu'elle évalue 50 km à 25 km/h.

Dans des conditions réelles, c'est-à-dire à environ 11°C, sur une route humide et dans nos trajets parisiens comportant de nombreuses accélérations et peu de pentes, les performances sont assez décevantes. Nous devons au moins réduire de moitié l'autonomie théorique, car nous avons parcouru 36 km sur notre itinéraire habituel. On s'attendait donc à plus de 40 km avec des températures plus clémentes.

Sur un autre trajet comportant plus d'accélérations et à une température de 15°C, l'autonomie frôle légèrement les 35 km. Sur un autre itinéraire quasiment sans dénivelé à 9°C, l'autonomie tombe à 33 km. Ainsi, la consommation oscille entre 16,6 et 18 Wh/km, ce qui est excessif.

Un chargement plus lent que prévu

L'emplacement du port de recharge est à l'avant du plateau, à une distance éloignée des éclaboussures d'eau. Le chargeur fourni avec la trottinette électrique est compact, d'une intensité de 2,45 A (et pas 4A comme mentionné) ou d'une puissance de 134 W. Suite aux calculs, on espérait une recharge de 4h30. En réalité, c'est bien plus que ça : 3 heures pour atteindre 50%, 5h pour aller au-delà de 80% et 6h20 pour une charge complète.

Il est facile de suivre la charge, car l'écran passe à une présentation dédiée indiquant le pourcentage de la batterie. L'application permet également de suivre l'évolution et l'intensité. Elle comprend également une programmation pour le début de la charge et une restriction entre 80 et 100 % (par paliers de 5 %).