« L’OLED consomme moins » : le grand mensonge qu’on vous raconte depuis une décennie sur les PC portables

Dec 15, 2025Par Conseil Direct
Conseil Direct

Vous êtes indécis entre la version « classique » IPS et la version haut de gamme OLED pour votre futur Dell, Asus ou Lenovo ? La réponse paraît manifestement claire. Et néanmoins. Si vous accordez de l'importance à votre indépendance, vous allez être étonné. L'écart ne se mesure pas en minutes, mais plutôt en heures. Et pas dans le sens que vous pensez.

En termes de visuel, l'OLED remporte la victoire par knockout. Et le discours est bien rôdé. On nous le présente à chaque description technique, à chaque fiche produit. L'OLED représente l'avenir en matière d'autonomie. Un pixel noir ne consomme aucune énergie.

C'est effectivement le cas en termes techniques. Cependant, c'est une vérité qui dissimule une autre, plus embarrassante pour nos applications bureautiques : un pixel blanc sur l'OLED consomme énormément d'énergie. Et c'est là que le problème se pose. Lorsque l'on aborde le sujet de l'autonomie, la réalité est totalement distincte.

Des dizaines d'ordinateurs portables passent par la rédaction. Des ordinateurs Dell XPS, Lenovo Yoga, Asus ZenBook et Acer. Et à chaque occasion, on arrive toujours à la même conclusion. Optez pour un Dell XPS 13. La version dotée d'un écran IPS FHD+ est un vrai bourreau de travail qui peut tenir toute la journée. La version OLED 3.5K ? C'est une autre affaire. Et si vous considérez que c'est seulement une question technique, consultez les statistiques : on observe parfois une différence de x2 en matière d'autonomie.

La physique ne se plie pas facilement : pourquoi le blanc coûte cher

Le souci n'est pas la batterie, mais la façon dont la lumière est générée. C'est à ce moment-là que tout se décide.

Sur un écran IPS LCD, le rétroéclairage est constant. Peu importe si votre écran présente une page blanche éclatante ou une image sombre, la consommation d'énergie restera presque identique (à luminosité égale). C'est constant, prévisible et linéaire. C'est pourquoi l'IPS domine dans le domaine de la bureautique.

Par contre, l'OLED ne dispose pas de rétroéclairage. Chaque pixel génère sa propre lumière.

  • Un pixel noir ? Il est éteint. Consommation zéro.
  • Un pixel blanc ? Il crache tout ce qu’il a. Consommation maximale.

Le problème ? Windows, Word, Excel, la majorité des sites web… tout est blanc.

Lors de l'affichage d'une page web standard (avec environ 60-70 % de blanc), votre écran OLED consomme énormément plus qu'un écran IPS.

Considérons un exemple précis, quantifié et validé : le Dell XPS 13. Il s'agit du même appareil, de la même batterie de 52 Wh, du même processeur.

  • La version avec écran IPS FHD+ tient environ 14 heures en navigation web.
  • La version OLED 3.5K ? Elle peine à dépasser les 7 à 8 heures.

En mode Dark !

Donc, faut-il abandonner l'OLED ? Non. Mais il impose une discipline stricte.

Pour avoir une chance de compétitionner avec l'IPS, il faut que vous viviez dans l'obscurité. Thème sombre pour Windows, utilisation de Dark Reader sur le navigateur, fonds d'écran de couleur noire. C'est uniquement à ce stade que l'OLED retrouve sa compétitivité. En éliminant les pixels blancs, on réduit la consommation. Des essais ont démontré qu'en mode totalement sombre, l'OLED peut parfois surpasser l'IPS.

Mais qui utilise exclusivement le mode sombre ? Le fait est que nous recevons des courriels sur une toile blanche et consultons des PDF sur un fond blanc.

Le jugement est irrévocable. Si votre ordinateur est votre instrument de travail majeur, que vous passez d'innombrables réunions, utilisez fréquemment le traitement de texte et les tableurs, et que vous êtes régulièrement éloigné d'une prise de courant : optez pour l'IPS. Moins attrayants, les modèles noirs semblent grisâtres dans l'obscurité, mais votre ordinateur portable bénéficiera d'une autonomie nettement supérieure.

Si vous êtes inventif, travaillez avec la photo/vidéo (souvent sur des interfaces obscures comme Adobe) ou si votre ordinateur est principalement utilisé pour regarder Netflix le soir dans votre lit : allez-y pour l'OLED. L'image est magnifique, le contraste sans limites est captivant.

La méthode : Rétroéclairage passif contre Émission active

Pour comprendre, il faut examiner sous la dalle.

Un écran LCD IPS agit de la même manière qu'un store devant une fenêtre. Il existe un panneau LED à l'arrière (le rétroéclairage) qui fonctionne en continu à une puissance constante, par exemple 3 ou 4 Watts pour une luminosité intermédiaire. Que l'écran montre une page blanche brillante ou une image sombre, la consommation d'énergie reste pratiquement la même. Les cristaux liquides se limitent à arrêter ou à laisser passer la lumière. C'est passif, linéaire et constant.

Avec l'OLED, c'est tout le contraire. Il s'agit d'une technologie émissive. Il n'existe pas de rétroéclairage à l'échelle globale. Chaque sous-pixel (Rouge, Vert, Bleu) possède sa propre source lumineuse.

  • Pour faire du noir ? On coupe tout. Consommation : 0 Watt. Le rêve.
  • Pour faire du blanc ? Il faut allumer les trois sous-pixels (R+V+B) simultanément et à pleine puissance.

Le souci, c'est le graphe de consommation. Elle n'est pas en ligne droite. Pour atteindre un niveau de blanc pur à 400 nits sur un écran OLED 4K, la consommation d'énergie devient exorbitante. Il est possible d'atteindre une consommation de 10, 12 voire même 15 Watts uniquement pour l'écran. Cela représente trois à quatre fois la quantité d'un écran LCD équivalent.

C'est à ce point que l'utilisation de l'ordinateur se heurte à la technologie.  À l'inverse d'une télévision qui diffuse des films (images à fort contraste, scènes obscures), sur un ordinateur, l'affichage est en blanc.

Word ? Blanc. Excel ? Blanc. Pratiquement tout le web ? Blanc comme fond. Gmail ? Blanc. Sur un ordinateur portable, on se réfère à cela comme le APL (Average Picture Level), c'est-à-dire le niveau moyen de luminosité de l'image. Dans le domaine de la bureautique, le pourcentage d’APL dépasse fréquemment les 60-70 %. Dans cette région, l'OLED est structurellement désavantagé. Il doit fournir des millions de sous-pixels à pleine capacité. Pour l'IPS, peu importe : son rétroéclairage utilisait déjà cette énergie de toute façon.