L'explication réelle de la hausse prévue du coût de l'essence en France en janvier 2026.

Dec 03, 2025Par Conseil Direct
Conseil Direct

En janvier 2026, la hausse du coût de l'essence et du diesel sera plus prononcée que ce qui était anticipé. En question : les subventions pour le secteur de l'énergie, y compris le bonus écologique pour les voitures électriques. Mais ce n'est pas tout.

C'est la surprise inattendue du chef pour lancer l'année 2026. Tandis que l'on observait fréquemment le cours du baril de Brent pour prévoir le prix du carburant, c'est en réalité un processus bureaucratique bien plus sophistiqué qui va augmenter le coût de l'essence et du diesel à partir du 1er janvier 2026.

On l'appelle : les CEE. Sous ce sigle obscur se dissimule un conflit acharné entre l'État et les compagnies pétrolières, dont vous serez finalement le contributeur au règlement.

Les CEE : c'est vous (le payeur) qui êtes le pollueur.

Avant de crier à l'indignation, il est essentiel de saisir le fonctionnement interne. Les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) ne constituent pas une imposition au sens strict, imposée directement par l'État. C'est un mécanisme instauré en 2006 qui impose une obligation claire : les fournisseurs d'énergie tels que TotalEnergies, EDF, Engie, etc., désignés comme « obligés », sont tenus de financer des initiatives visant à économiser de l'énergie.

En effet, lorsque vous entendez parler d'une subvention pour l'isolation de vos combles ou d'une aide pour l'installation d'une pompe à chaleur, il s'agit généralement des fonds issus des CEE. Si les compagnies pétrolières n'investissent pas suffisamment dans des travaux (et par conséquent, ne gagnent pas assez de certificats), elles doivent verser d'importantes amendes à l'État.

Quel est le souci ? Ces sociétés ne sont pas engagées dans la philanthropie. Le prix final que vous acquittez à la station-service intègre pleinement le coût de ces certificats. Déjà en 2023, la Cour des comptes évaluait ce coût à plus de 7 centimes par litre. Cependant, le coût va augmenter.

La frénésie de fin de période : pourquoi cette flambée soudaine ?

C'est à ce moment-là que la situation prend une tournure absurde. Le système opère sur des « périodes » pluriannuelles. Nous terminons la cinquième période (le 31 décembre 2025) et entamons la sixième période (P6), qui commence le 1er janvier 2026, avec des objectifs rehaussés de 27 %.

Toutefois, si le coût connaîtra une hausse soudaine en janvier 2026, ce n'est pas uniquement à cause de ces nouvelles cibles. C'est principalement en raison d'une mauvaise gestion de leur emploi du temps par les pétroliers. Plutôt que d'adoucir leurs efforts, ils se trouvent dans une situation délicate.

Une source gouvernementale décrit bien la situation désordonnée à Contexte : « Les compagnies pétrolières ne réagissent que maintenant et se bousculent sur le marché des CEE pour respecter leur obligation. »  Résultat : le coût des CEE s'accroît en cette fin de période et il est probable qu'il continue de grimper au début de la sixième période, étant donné que les obligés disposent jusqu'à la fin du mois de juin pour respecter leurs quotas.

CEE (certificats d'économies d'énergie

En d'autres termes : c'est en gros la loi de l'offre et de la demande. Tout le monde souhaite acquérir des certificats à la dernière minute pour esquiver les sanctions, ce qui entraîne une flambée des prix. C'est donc l'automobiliste qui en fait les frais à la pompe.

En termes concrets, quel sera le coût ?

L'Union française des industries pétrolières (Ufip) a déjà mis au point une calculatrice. D'après leurs dires, cette montée des obligations et la pression sur le marché entraîneront une hausse rapide de 4 à 6 centimes par litre dès janvier, comme on peut le constater dans Ouest France.

Si l'on considère le coût actuel des CEE, le mécanisme aura un impact global d'environ 16 à 17 centimes sur chaque litre de carburant acheté.
Ce n'est pas sans importance : sur un plein de 50 litres, environ 8,50 euros sont exclusivement dédiés au financement de ce dispositif.

Et cela ne concerne pas uniquement le carburant. Les contrats de gaz chez Engie sont également touchés, avec une augmentation prévue de 3,5% pour certains d'entre eux. Comme nous l'avons examiné, ce dispositif est de plus en plus utilisé pour soutenir la transition énergétique, y compris le bonus écologique et la location sociale de voitures électriques. C'est pourquoi on pourrait avancer que le bonus écologique entraînera une hausse des factures d'énergie.

Une confrontation hypocrite.

On assiste à une escalade de règlements de comptes politiques. D'une part, les compagnies pétrolières (ainsi que l'opposition politique) reprochent au gouvernement d'avoir imposé des objectifs irréalisables qui font des CEE une « taxe carbone masquée » échappant à la supervision du Parlement.

Par ailleurs, le ministère de la Transition écologique réplique avec une déclaration cinglante (qui a été rapidement supprimée, mais qui a été reçue par courriel par notre rédaction), reprochant aux compagnies pétrolières leur « collusion » avec le RN et leur refus de réduire leurs marges.

D'après le gouvernement, si les prix augmentent, c'est la « décision des compagnies pétrolières » de transférer l'intégralité de cette hausse au consommateur plutôt que d'en assumer une part.

Les implications pour le client

En résumé pour le consommateur, les compagnies pétrolières doivent assumer le coût de la transition énergétique et elles vous le répercutent. L'anticipation défaillante des industriels qui acquièrent leurs certificats à un prix élevé à la dernière minute entraîne une flambée soudaine et plus prononcée de ce coût que prévu.

Tandis que le gouvernement tente de garantir le financement du bonus écologique et des rénovations thermiques sans augmenter le déficit public, il mise de plus en plus sur cet instrument « caché » dans les taxes et impôts.

Le danger serait d'augmenter le coût des énergies fossiles pour inciter à la transition, au détriment du pouvoir d'achat actuel. Il est généralement admis qu'un impôt est plus équitable qu'une CEE, qui se rapproche davantage d'une taxe dont le montant reste inchangé indépendamment des revenus du ménage.