Le marché des voitures électriques d'occasion connaît une baisse : c'est l'opportunité idéale pour faire un achat.
La valeur des véhicules électriques chute sur le marché de seconde main. Alors qu'un véhicule électrique de moins de deux ans conserve difficilement plus de la moitié de son prix d'origine, les voitures hybrides maintiennent près de 70% de leur valeur initiale. Comment justifier une telle déroute pour une technologie supposée se populariser et séduire le plus grand nombre ?
C'est un fait bien connu : une voiture neuve perd immédiatement de sa valeur dès qu'elle quitte le garage. Typiquement, la dépréciation est d'environ 20 % lors de la première année (pour ne pas dire, immédiatement après sa sortie du garage), pour atteindre environ 50 % après cinq ans.
Cependant, ces moyennes masquent d'importantes disparités en fonction des marques, des modèles et principalement des types de moteurs. D'après une étude récente menée par Cox Automotive aux États-Unis, un véhicule électrique récent de moins de deux ans ne garde en moyenne que 50 % de sa valeur à l'état neuf, contre près de 70 % pour un véhicule hybride. C'est en tout cas la situation aux États-Unis, car ces statistiques se rapportent au marché de l'autre côté de l'Atlantique.
Cependant, il semble que cette étude se rapproche également de la vérité ici en France. En effet, selon les statistiques regroupées par Le Parisien à partir des informations fournies par le site de commerce électronique Leboncoin, la dépréciation des voitures électriques est tout simplement vertigineuse.
L'électrique, désastre prévisible de la revente ?
Il est évident que tous les modèles électriques subissent une dévaluation importante, y compris ceux de haut standing, en particulier concernant les premiers modèles haut de gamme qui ont été lancés il y a environ 5 ans et qui incarnent à eux seuls ce phénomène.
Cependant, en examinant plus attentivement le classement établi par nos collègues du Parisien, on constate que les premiers véhicules électriques, bien loin d'être aussi perfectionnés qu'aujourd'hui, ne sont pas les seuls à pâtir.

Malgré son statut de meilleure élève dans sa classe, la Volkswagen ID.3 perd 58 % de sa valeur après cinq ans. La Tesla Model 3, qui était très convoitée à son lancement, a vu sa valeur diminuer de 59 %. La Peugeot 208 électrique affiche une décote de 61 %, l'Audi e-tron monte à 65 %, tandis que la Nissan Leaf subit une dépréciation de 67 %.
La triple peine : coût, technologie et défiance
Cet effondrement peut être attribué à plusieurs facteurs. Premièrement : la baisse des prix sur le marché du neuf, qui perturbe complètement la valeur des biens d'occasion. Le cas de Tesla est illustratif. En 2020, une Model 3 Autonomie Standard Plus était au prix de 50 800 euros. Actuellement, la version Propulsion est proposée à 41 990 euros. Comment expliquer un tarif élevé pour des produits d'occasion lorsque le neuf devient plus abordable ?
Deuxième élément : le progrès technologique, qui selon nous, est sans doute le facteur le plus déterminant. Les modèles récents de voitures électriques ont grandement optimisé leurs autonomies et capacités de recharge, rendant les versions plus anciennes déjà dépassées.
Un contexte sans précédent dans le secteur automobile, où les changements étaient habituellement plus graduels. Il suffit de se rappeler qu'il y a 5 ans, quand l'autonomie était la principale inquiétude des consommateurs et qu'une voiture électrique peinait souvent à dépasser les 400 km avec une seule recharge, aujourd'hui cela semble être presque la norme, même pour une petite citadine électrique comme la Renault 5 E-Tech, à titre d'exemple.
Troisième point : l'inquiétude des acheteurs concernant la condition des batteries. La diminution de l'autonomie due à l'usure et l'échéance de la garantie sur cet article, dont le remplacement est exorbitant, décourage les potentiels acheteurs. C'est pourquoi il est crucial d'exiger un certificat de l'état de santé de la batterie lors de toute transaction. C'est encourageant, de plus en plus de revendeurs professionnels adoptent cette pratique.
Il est bon de rappeler que la longévité des batteries n'est pas du tout une problématique, comme le montrent diverses recherches sur le sujet.
Bouchon dans les concessions
À ces difficultés s’ajoute un nouveau problème : la hausse de l’offre. Les ventes de véhicules électriques neufs ayant explosé ces dernières années (jusqu’à dépasser plus de 20 % de parts de marché ces derniers mois en France), notamment via les formules de location (LOA ou LLD), le marché de l’occasion commence à être bouché, surtout avec les premiers retours de LOA et LLD ou la location arrive à terme.
Ces modèles, qui étaient alors subventionnés et affichés avec des mensualités incroyablement basses, perturbent aujourd'hui le marché car leurs prix sont souvent démesurés par rapport à la réalité du marché de l'occasion.

D'après nos sources, MG regrette un peu aujourd'hui d'avoir commercialisé ses MG4 à moins de 200 euros par mois lors de leur lancement. Actuellement, en raison du financement, les prix sont devenus trop élevés pour attirer des acheteurs.
Vers la fin des années 2010, BMW avait rencontré une difficulté similaire, proposant des paiements mensuels très compétitifs pour certains modèles (BMW Série 1 et Mini Cooper) grâce à des valeurs résiduelles extrêmement élevées. Cependant, lorsque ces véhicules revenaient en financement, leurs coûts devenaient trop élevés et donc impossibles à vendre. Il ne s'agit donc pas d'un phénomène réservé uniquement aux voitures électriques.
L'écart temporel d'environ trois ans entre l'achat initial et la revente entraîne inévitablement une augmentation progressive de la disponibilité des voitures électriques d'occasion. Les experts expriment déjà leur préoccupation face aux retours massifs prévus pour début 2027, suite à l'expiration des contrats de location sociale. Les statistiques sont révélatrices : en juin 2025, un modèle d'occasion à essence se vendait en moyenne en près de 85 jours, tandis que celui d'un modèle électrique prenait presque deux fois plus de temps.
L'opportunité dissimulée derrière le désastre
Ironiquement, cette forte décote pourrait réjouir certains acquéreurs. Pour les foyers qui cherchent à acquérir une seconde voiture pour des déplacements en ville, un véhicule électrique d'occasion constitue désormais une option attrayante.
Il se pourrait que le Renault Zoé, Dacia Spring et même certaines Peugeot e-208 à moins de 15 000 euros aujourd'hui apportent satisfaction à un client désireux d'une voiture électrique abordable avec la carte grise à son nom, tout le contraire du leasing social !