Suite à la sanction de 120 millions d'euros, X met en pause l'un des comptes de l'Union européenne.

Dec 08, 2025Par Conseil Direct
Conseil Direct

Elon Musk, irrité par l'amende de 120 millions d'euros que l'Union européenne a imposée à la plateforme sociale X pour avoir enfreint le Digital Services Act (DSA), a intensifié ses critiques virulentes à l'encontre de la Commission européenne durant le week-end. Parallèlement, la plateforme a mis en pause le compte publicitaire de l'entité basée à Bruxelles, citant des soupçons de fraude. Cette montée représente un nouveau volet dans les frictions entre le colosse américain et les autorités de régulation européennes.

L'amende, révélée le 5 décembre 2025, punit X pour violation de ses obligations de transparence selon le DSA, une loi destinée à réguler les contenus numériques et à combattre la désinformation. D'après la Commission, X a induit en erreur ses utilisateurs avec son système de « coche bleue » payant, a fait preuve d'un manque de transparence dans sa base de données publicitaire et a refusé l'accès à certaines données publiques aux chercheurs. Elon Musk a qualifié cette décision de « bêtise » sur sa plateforme, reprochant à l'UE d'assaultir la liberté d'expression et les entreprises américaines.

Le contexte de l'amende et les accusations portées contre X.

Le DSA, qui a pris effet en 2024, impose à des plateformes majeures telles que X des normes rigoureuses pour le contrôle des contenus illicites, la protection des utilisateurs et une transparence renforcée. Concernant X, les autorités de régulation ont critiqué le système de vérification payant mis en place par Musk suite à son acquisition de Twitter en 2022. Autrefois réservé aux comptes authentifiés, ce « coche bleu » est désormais accessible à tous moyennant un paiement. Selon l'Union Européenne, cette ouverture a favorisé la propagation de contenus fallacieux en conférant une illusion de crédibilité à des profils trompeurs.

Profil X de Elon Musk

Henna Virkkunen, la commissaire européenne pour la souveraineté numérique, a souligné que cette sanction ne constitue pas une censure, mais plutôt une action visant à promouvoir la transparence : "Si vous suivez nos directives, aucune amende ne vous sera imposée." La Commission a également signalé que X n'a pas offert un accès adéquat à ses données aux chercheurs, ce qui entrave les recherches sur la diffusion de la désinformation. Cette sanction est la première imposée à une plateforme de grande envergure dans le cadre du DSA, représentant un examen pour la législation européenne face aux grands acteurs technologiques américains.

Elon Musk, quant à lui, n'a pas été avare de mots. Il a publié une série de tweets hostiles sur X, assimilant l'UE à un « quatrième Reich » ou à une « bureaucratie éveillée de la Stasi ». Dans une publication qui a été vue plus de 37 millions de fois, il a appelé à « l'abolition de l'UE » et à la réinstauration de la souveraineté des pays membres, soutenant que cette institution est une « bureaucratie non élue » qui étouffe les peuples européens. Il a aussi partagé des critiques concernant les « cookies pop-ups » imposés par l’UE, les qualifiant de « destruction de secondes de vie ».

La Suspension du Compte Publicitaire de la Commission : Une Réaction Mesurée ?

En plein milieu de cette tourmente, X a mis un terme au compte publicitaire de la Commission européenne. Nikita Bier, responsable du produit chez X, a expliqué ce choix en raison de soupçons de manipulation de l'engagement. D'après lui, juste après l'annonce de la sanction, la Commission a essayé de publier une publicité avec un lien fallacieux, imitant une vidéo pour augmenter artificiellement sa visibilité. Bier a mis en évidence l'ironie de la situation, l'Union européenne reprochant précisément à X d'amplifier le contenu fallacieux grâce à ses coche rémunérées.

Tweet de l'Union Européenne contre X pour les DSA

La Commission a démenti ces allégations, déclarant qu'elle utilise les réseaux sociaux « en toute bonne foi ». Elle a noté qu'elle avait arrêté toute publicité sur X à la fin de 2023, en raison d'inquiétudes concernant la propagation de fausses informations et les dangers pour son image. Même s'il n'y a pas de lien direct entre l'amende et la suspension, le calendrier laisse penser à une réponse. Le fil de Musk est bourré de messages anti-UE, y compris un commentaire ironique sur une photo où « Bruxelles dit que c’est la même image », se moquant des régulateurs.

Cette action s'aligne sur un précédent chargé d'irritations. Suite à l'acquisition de Twitter par Musk, une réduction des équipes de modération a eu lieu, entraînant des investigations au niveau européen. En juillet 2024, l'Union Européenne avait suggéré un « accord secret » pour esquiver des sanctions en contrepartie d'une censure discrète, ce que Musk a ouvertement critiqué.

Des Répercussions Géopolitiques et Économiques

Cette situation pourrait intensifier les tensions à travers l'Atlantique. Le vice-président américain JD Vance a désigné l'amende comme une agression à l'encontre des entreprises américaines, s'alignant sur des partenaires de Trump tels que Ted Cruz, qui réclame des sanctions contre l'UE jusqu'à ce que la pénalité soit annulée. Musk lui-même a proposé une sanction mutuelle de 10 milliards de dollars à l'UE pour « hostilité envers les entreprises américaines ».

Étonnamment, X a pris la place de l'application d'actualités la plus populaire dans tous les pays de l'UE, devançant ainsi les médias traditionnels. C'est là où réside l'ironie : les nations qui régulent X se fient à lui pour l'information. Des personnalités telles que Geert Wilders aux Pays-Bas ou Viktor Orbán en Hongrie ont apporté leur soutien à Musk, demandant la dissolution de la Commission.

Sur le plan économique, l'amende constitue un pourcentage des revenus publicitaires de X (prévisibles à plus de 2 milliards de dollars en 2025), mais elle pourrait décourager les investisseurs et exacerber la discussion sur la régulation technologique. Musk prévoit un « effet Streisand », situation où la censure suscite davantage d'attention sur les contenus ciblés.

Pour conclure, cette confrontation souligne les enjeux de la régulation des plateformes mondiales dans un contexte globalisé et polarisé. Alors que l'Union européenne plaide pour la transparence et la protection de ses citoyens, Musk présente X comme un bastion de la liberté d'expression. Les mois futurs pourraient être marqués par des actions légales ou des pourparlers, cependant, pour le moment, la bataille numérique continue de sévir.